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Contrairement à 1'opinion établie d'après laquelle le Thrène provient de la Mise au Tombeau (Millet, Weitzmann et autres), l’ auteur soutient que les deux thèmes vont de pair et que, dans son évolution, l’ iconographie de la Mise au Tombeau est influencée par le Thrène. Parallèlement au type iconographique des plus anciennes miniatures de la Mise au Tombeau (pi. 47,1-3) — qui suit le récit de l’ Évangile et qui tout en s'enrichissant d'autres personnages reste le même jusqu' à l'époque des Paléologues (Monreale, Sopoéani, Nagoricino, pi. 47,4-5) — il existe des figurations du Thrène du Xle siècle qui, inspirées d' Homélies d' auteurs ecclésiastiques (Georges de Nikomédie —f860— Homélie VIII), représentent, au bas de la Descente de Croix, le Christ nu allongé par terre, sur le suaire, et la Vierge à genoux relevant sa tête dans ses bras, comme la miniature de l’ Évangile Morgan 639 (pi. 48,1). Cette miniature marque le début de l’ évolution du Thrène. L'ivoire de Londres (pi. 48,2), où la Vierge se penche sur la tête du Christ en attitude de thrène et où ses disciples sont à genoux à ses pieds, en représente une nouvelle étape. Le thème se trouve complètement formé sur la peinture murale de Paphos (pi. 48,3) : la Vierge soulève le Christ dans ses bras, au centre s' ajoute Jean qui lui baise la main, et les saintes Femmes sont près de la tête du Christ. Ce type de Thrène qui prédomine, à l'époque des Comnènes, avec un grand nombre d' exemples (miniatuies Gelati — pi. 48,4 — Mélisende, fresques de Backovo, Vierge Chalkéon, série d'ivoires— pi. 48,5) a influence le thème de la Mise au Tombeau en créant une deuxième phase qui ne diffère qu' en ce que les personnages ne sont pas immobiles, mais se meuvent en direction du tombeau. Dans les deux monuments les plus anciens et les plus apparentés, la peinture murale de Nerezi et la miniature du Vat. gr. 1156 (pi. 49, 1-2) nous distinguons le passage du Thrène à la Mise au Tombeau. A Nerezi, la Vierge soutient le Christ entre ses genoux écartés; dans le Vat. gr. 1156, la position inclinée des jambes fléchies sous le corps du Christ indique clairement la marche vers le tombeau. A la fin du Xlle siècle, cette deuxième phase de la Mise au Tombeau évolue, pleine de mouvement et de passion, sur les peintures murales de Kurbinovo et des Saints-Anargyres de Kastoria (pi. 49, 3-4) et se poursuit au XIHe siècle dans la miniature de Harley 1810. A l’ époque des Paléologues, lorsque l’ hymnologie funèbre du Thrène est introduite dans l'Office de la Passion, le Thrène prévaut dans l'art. La vivacité dramatique s' accroît et l'iconographie du thème s'enrichit présentant une certaine liberté et variété de composition (pi. 50, 1-3).
(FR)
