Le scepticisme moderne essentiellement lu à partir du scepticisme grec ou à partir du cartésianisme a souffert de ne pas être reconnu dans sa spécifité et sa cohérence tant théorique qu'éthique. La plupart des études consacrées à François de La Mothe Le Vayer (1588-1672) par ses biographes ou commentateurs ont été, jusqu'à présent, d'un intérêt inégal. Dans son ouvrage De la vertu des païens, il brosse une analyse critique de la philosophie morale de l'Antiquité. Son réalisme moral l'autorise à voir la vertu là où elle est réputée absente, chez les païens par exemple; car, il n'estime pas la foi indispensable au salut, ni une religion à la vertu. En réintégrant les peuples païens dans la communauté humaine, il tranche un problème que le Concile de Trente avait abandonné à l'indécision. Parmi les doctrines morales de l'Antiquité, La Mothe Le Vayer donne une place primordiale à celle de Socrate à qui il ne cesse de comparer non seulement Pythagore mais également Confucius, le «Socrate de Chine» comme il le qualifie. Il préfère Platon à Aristote, et se méfie de l'aristotélisme et de ses commentateurs. Il attribue des vertus à Epicure et Pythagore; mais c'est la secte sceptique qu'il considère de toutes les doctrines philosophiques, la moins contraire à la religion chrétienne, et la plus appropriée à recevoir les lumières surnaturelles de la foi.